Séance du 22 novembre 2015 à 18h30 : Eugène Dieudonné, un libertaire à la Belle Epoque.

Eugène Dieudonné
Au tournant du XXe siècle, libertaires et syndicalistes se battent encore au coude à coude contre l’exploitation patronale. Leur chemin ne tardera pas à se séparer, mais, pour un temps encore, on discute ensemble dans des « causeries » parfois très mouvementées. Eugène Dieudonné, un ébéniste nancéien se mêle, dès son arrivée à Paris, au bouillonnement de ces causeries libertaires animées par un meneur charismatique. Il en viendra à fréquenter la bande à Bonnot, ce qui lui vaudra une accusation qui le mènera au bagne. La « Belle Epoque », synonyme de joie de vivre, d’explosion artistique et scientifique, où l’expansion économique et l’insouciance sont à l’ordre du jour, révèle une réalité plus complexe. Loin de la bohème artistique, de jeunes ouvriers, héros obscurs et inconnus, se battent pour vivre selon leur idéal. Ils sont jeunes, ils aiment la vie, sont irréductibles et utopistes, criminels pour certains d’entre eux. Ce qui les unit : le rêve d’une autre vie qu’ils veulent vivre intensément, tout de suite. Confrontés à un mode de vie difficile au quotidien, aux grèves, aux répressions policières violentes, ces jeunes gens imaginent un monde utopique, à l’organisation sociale sans contrainte, sans domination et sans exploitation, que certains pensent atteindre par une vie exemplaire, basée sur la solidarité, tandis que les autres ne connaissent que la violence des attentats. Ces « terroristes » de la Belle Epoque poursuivront leur idéal jusqu’à la mort qu’ils ne redoutent point. Ils se définissent comme des « en dehors », en dehors de l’ordre social dominant mais aussi en dehors des organisations syndicales et politiques, ce qui les mènera à emprunter la voie de l’illégalisme et à suivre le « fascinant » Jules Bonnot qui les mènera à la mort pour certains, au bagne pour les autres. Mais, partisans d’un socialisme libertaire ou de la reprise individuelle, ils n’en demeurent pas moins des jeunes gens n’ayant que 20 ans, parfois moins, ayant la soif de vivre inhérente à leur âge où les fêtes et les piqueniques au bord de la Marne mais aussi l’amour et l’amitié ponctuent leur vie. Madeleine Leveau-Fernandez

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